Devenir un vieux con, décidément c'est une sorte de sacerdoce en ce moment. Entouré par des dizaines de vieux en fin de course, je n'en réalise que mieux les travers dans lesquels chacun sombre de plus en plus, petit à petit avec l'âge. Cette hypocrisie polie et permanente qui fait qu'on finit par ne plus se parler, par tourner à vide, comme des sons dans une vallée se répercutant d'un bord à l'autre et ne faisant que se répéter eux-mêmes.
Toutes ces conversations creuses, exaltant un pénible sentiment de banalité, ces constats plats et décevants sur le monde qui nous entourent, sans la moindre analyse, le moindre but, tous ces échanges de courtoisies écœurantes me donnent un peu plus envie de passer cette planète au napalm chaque jour.
Cela commence dès le matin, on ne dira pas "bonjour" ou "salut", mais plutôt "ça va?". Tristes dialogues de sourds que ceux de ces hommes qui s'échangent un "ça va" chacun, sans attendre la moindre réponse l'un de l'autre. Même la banalité devient galvaudée quand on la simplifie. On enchainera sur un "fait pas beau ce matin" auquel il sera de bon ton de répondre quelque chose à propos de la saison et du fait que ça s'arrangera peut être. De toute façon, la conclusion portera sur la fatalité "il faut bien faire avec" ou un pitoyable "tant que le moral est bon, ça va".
Que se seront dit les deux personnes au cours de cet échange? Rien, absolument rien. Elles ont manifesté leur existence à l'autre et ont prouvé de façon très simpliste leur capacité à regarder par une fenêtre et à analyser ce qu'elles y voient. Leurs réponses l'une à l'autre symbolisent l'acceptation de celui qui est en face, son non-rejet tout du moins. Ce n'est qu'une forme évoluée du reniflage anal de nos amis défécateurs à quatre pattes, rien de plus.
Toute personne ne respectant pas ce type de rituel sera donc considérée comme suspecte, au mieux malpolie, mal lunée, au pire marginale. La menace de la cohésion du groupe inscrite dans nos êtres depuis l'époque des pagnes en tigre à dent de sabre nous conduit à rejeter celui qui ne répond pas aux stimuli de contrôle de sa normalité. Il sera dans l'idéal abandonné sur le bord de la route, éloigné du groupe qu'il risquerait de mettre en danger de par son comportement déviant.
De nos jours bien entendu cela se fait de façon plus subtile. On ne préviendra pas cette personne qu'on va prendre sa pause café, on le laissera finir une tâche ingrate, on fera semblant de l'avoir oublié dans son coin.
Alors pour éviter ça, parce que nous sommes lâches, nous devenons nous aussi des vieux cons. Et un jour on se surprend à ne pas attendre de réponse au "ça va?" que l'on vient de prononcer.
Toutes ces conversations creuses, exaltant un pénible sentiment de banalité, ces constats plats et décevants sur le monde qui nous entourent, sans la moindre analyse, le moindre but, tous ces échanges de courtoisies écœurantes me donnent un peu plus envie de passer cette planète au napalm chaque jour.
Cela commence dès le matin, on ne dira pas "bonjour" ou "salut", mais plutôt "ça va?". Tristes dialogues de sourds que ceux de ces hommes qui s'échangent un "ça va" chacun, sans attendre la moindre réponse l'un de l'autre. Même la banalité devient galvaudée quand on la simplifie. On enchainera sur un "fait pas beau ce matin" auquel il sera de bon ton de répondre quelque chose à propos de la saison et du fait que ça s'arrangera peut être. De toute façon, la conclusion portera sur la fatalité "il faut bien faire avec" ou un pitoyable "tant que le moral est bon, ça va".
Que se seront dit les deux personnes au cours de cet échange? Rien, absolument rien. Elles ont manifesté leur existence à l'autre et ont prouvé de façon très simpliste leur capacité à regarder par une fenêtre et à analyser ce qu'elles y voient. Leurs réponses l'une à l'autre symbolisent l'acceptation de celui qui est en face, son non-rejet tout du moins. Ce n'est qu'une forme évoluée du reniflage anal de nos amis défécateurs à quatre pattes, rien de plus.
Toute personne ne respectant pas ce type de rituel sera donc considérée comme suspecte, au mieux malpolie, mal lunée, au pire marginale. La menace de la cohésion du groupe inscrite dans nos êtres depuis l'époque des pagnes en tigre à dent de sabre nous conduit à rejeter celui qui ne répond pas aux stimuli de contrôle de sa normalité. Il sera dans l'idéal abandonné sur le bord de la route, éloigné du groupe qu'il risquerait de mettre en danger de par son comportement déviant.
De nos jours bien entendu cela se fait de façon plus subtile. On ne préviendra pas cette personne qu'on va prendre sa pause café, on le laissera finir une tâche ingrate, on fera semblant de l'avoir oublié dans son coin.
Alors pour éviter ça, parce que nous sommes lâches, nous devenons nous aussi des vieux cons. Et un jour on se surprend à ne pas attendre de réponse au "ça va?" que l'on vient de prononcer.