lost

I'm lost but I'm not stranded yet

Samedi 17 mai 2008 à 16:43

Le printemps, c'est maintenant certain, est bien installé au-dessus de notre hémisphère, tel le corbeau au-dessus de la fosse que creusaient  ceux qui la rempliraient, quelque part en Allemagne, il y a de cela quelques dizaines d'années, au printemps justement, alors que les petits lapins copulaient avec entrain entre les pâquerettes écrasées à grand renfort de bottes ferrées.

Je disais donc : c'est le printemps, il fait maintenant une température fort propice à la décongélation en extérieur des viandes surgelées, notamment celle des jeunes. Vous savez, ces êtres étranges que l'on croise un peu partout, la mèche en folie, les yeux et le tee-shirt à paillettes brillants et l'air bête. Réchauffés par le soleil qui pointe, ils fleurissent sur les bancs telle la flore bactérienne sur les intestins d'un macchabée bien refroidit, lui.

Il ne fait aucun doute que la majorité des jeunes est une fange sans nom dont je tairai d'ailleurs les adjectifs par respect pour les limites de l'impolitesse que je franchis trop souvent à leur égard. Je ne m'attarderai d'ailleurs pas sur les différentes sous-espèces de cette faune pléthorique et mal aimable qui s'arroge le droit de nous imposer son mauvais goût de façon permanente avec un acharnement qui tiendrait de l'admirable si seulement leur être ne l'était pas lui-même si peu.

Les jeunes sortent donc de chez eux, le slim bien soudé, qui à la moule, qui aux coucougnettes, qu'importe tant que c'est antisexuel. Or, hier, alors que je remontais une côte abrupte, juché sur mon vélo, me déhanchant avec une grâce sans égale dans la position dite de la danseuse, j'aperçus en sens inverse cinq humanoïdes de type mineur selon les lois en vigueur dans notre pays. Leur planche à roulettes sous le bras, les cheveux mi-longs dans le vent, ils baguenaudaient tranquillement, affichant leurs tee-shirts Nirvana et la raie de leur postérieur au-dessus de leur pantalon tombant. Cela ne faisait aucun doute, j'avais en face de moi d'authentiques skateurs, au charme résolument 90's, sans rapport avec ceux qu'on aperçoit désormais dans les skateparks, slimés jusqu'aux ongles, coiffure emo en sus. Face à ces jeunes en (léger) décalage avec leur époque, je me suis senti soudainement regretter cette époque où le monde me semblait moins peuplé d'abjectes hordes aux goûts vestimentaires radicalement au-delà de toute notion de goût et aux hymnes musicaux affligeants de nullité absolue. Soudainement je me suis dit « c'était mieux avant ». Soudainement, je me suis senti devenir un vieux con.

Jeudi 1er mai 2008 à 3:40

Oh, non, ce sujet n'est guère original, je le crains, mais je vous ferai tout de même partager ma vision des choses, notamment parce qu'il faut que je poste pour maintenir ce blog en vie, mais aussi parce que c'est une thématique qui me tient à cœur (si l'on peut dire).

Tout d'abord, il y a l'anonymat.  Si dans de nombreux cas il permet à tout le monde de partir sur un pied d'égalité, il se trouve que c'est là une chose bien illusoire que de croire que cela pourra avoir une réelle influence positive quant à la qualité de la discussion. Simplement parce que nous ne sommes de toute façon pas égaux, quoi qu'on en dise, et que si tout le monde part des mêmes bases (comme dans la vie -ah. ah. ah [excusez-moi, c'est nerveux]), les écarts se creusent vite, ne serait-ce qu'entre ceux qui écriront correctement et les autres, qu'ils massacrent consciencieusement leur langue maternelle de façon préméditée ou non.
Nous aurons donc des personnes qui, protégées par l'anonymat s'autoriseront toutes les bassesses sans craindre de quelconques représailles (dommageables à leur encontre de façon directe tout du moins). Cela aura pour conséquence de semer un chaos assez inimaginable en cas de non-modération des discussions, sur des sujets sensibles.

Ensuite, il y a la différence de niveau entre les protagonistes, évoquée ci-dessus. Il faut savoir qu'il n'existe pas de formule aussi simple que "discussion avec des gens stupides = improductive et discussion avec des personnes intelligentes = formidablement instructive". Il serait pourtant assez simple de le croire, mais ce n'est tout simplement pas toujours le cas.
Il est certain que la plupart des fauteurs de troubles ne feront pas preuve d'une intelligence hors du commun, cependant, les personnes calées dans un sujet particulier (en rapport avec le débat) ou simplement avantagées au niveau de leurs connaissances de la rhétorique se comporteront assez souvent comme, il faut dire ce qui est, des sales cons basiquement bornés persuadés de détenir l'éternelle lumière qui illuminera à jamais les âmes des pauvres pêcheurs ayant osés se mettre en travers de leur chemin (béni soit-il pour l'éternité) quand ils auront réalisé l'erreur qui est la leur de ne pas approuver chacune de leur plus petite affirmation. Je sais, c'est triste, mais c'est là toute l'expression de la vanité humaine. Au lieu de partager leur savoir, les participants se pensant dans leur droit s'armeront de leurs enclumes stylistiques et entreprendront d'en écraser le plus systématiquement possible toute forme d'opposition.
Nous retrouverons donc d'un côté des abrutis limités aux arguments inexistants déversant des flots d'insultes et d'inepties et de l'autre des crétins savants déversant des flots d'inepties et d'insultes bien tournées, et c'est là toute la différence ô combien fondamentalement  justifiable qui rend toute leur démarche autrement plus noble que celui du péquenot de base. C'est l'évidence même.

N'oublions pas le mauvais esprit viscéral d'un grand nombre de personnes, ceux-là même qui acquièrent le doux surnom de troll et qu'on ne présente plus tant on connait leurs manifestations diverses et follement réjouissantes sur moult forums et sites web. Débiter des "évidences" apparentes est leur credo, sans oublier toutefois de faire en sorte qu'elles soient erronées et entraînent des réponses enflammées de la part de ceux qui s'abaisseront à entrer dans leur jeu.

Restent alors les personnes qui n'appartiennent à aucune de ces catégories (ou dérivés quelconques, ne chipotons pas). Elles produiront en général des débats plats, sans intérêt, ou personne ne se mouille et où tout le monde a raison. Cette ambiance de congrès du MODEM est généralement ennuyeuse à mourir et ferait presque regretter les flamewars inconstructives, mais largement plus divertissantes de nos amis évoqués dans le paragraphe précédent. (un troll s'est caché dans la troisième ligne).

Au final il n'y a que très peu de débats où l'on ne retrouvera aucune des caractéristiques évoquées dans cet article, ou alors sur des sujets intéressant environ 200 personnes sur la planète.

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